De la dette ou du capital propre ?

Cette question devrait être précédée par une question encore plus fondamentale : ai-je besoin de lever des capitaux ? La levée de capital est un phénomène à la mode. Portée par les émissions de télé et les « success story » sur les réseaux sociaux, elle apparaît comme un passage obligé pour développer son entreprise.

Cela n’est pas toujours le cas. Toutefois lorsqu’une levée de fond devient nécessaire, la structure du capital revêt une importance prépondérante. La dette a mauvaise réputation. Nous avons souvent entendu : « Je n’utilise pas l’argent que je n’ai pas. » ou « Je souhaite rembourser le plus vite possible, je n’aime pas avoir de dettes. » ou encore « 5% c’est trop cher, je préfère trouver des fonds propres, ça ne me coûtera rien. ».

Les avantages de la dette

Chez Accio, nous pensons que la dette est un accélérateur. Il faut l’utiliser lorsque le profil de flux de trésorerie de l’entreprise le permet pour démultiplier les facteurs de production. Cet élément est central pour réussir un développement maîtrisé. On ne dirait pas : « Je n’utilise pas l’argent que je n’ai pas » mais plutôt « J’utilise l’argent que mon entreprise peut financer. ». Le prix de la dette reste très modéré en comparaison des fonds propres.

Prenons l’exemple d’une société suisse qui produirait des éoliennes de petite taille pour les particuliers et le entreprises. La marche des affaires est bonne et le retour sur capital propre est de plus de 25%. Les commandes affluent si bien que l’entreprise souhaite construire un nouveau site de production doté d’une chainede montage automatisée qui permettrait de tripler la production annuelle tout en réduisant les coûts. Economiquement, il serait bien plus opportun de contracter une dette au taux de 8% que d’émettre de nouvelles actions.

Les actionnaires existants capteraient alors 17% de retour supplémentaire sur les nouveaux volumes d’affaire au lieu de céder ces bénéfices à de nouveaux actionnaires ou de devoir engager de nouveaux capitaux propres. De plus, le coût d’agence d’une dette est généralement beaucoup plus faible pour les actionnaires existants, les prêteurs ne commettant, en principe, pas d’ingérence dans la marche des affaires.

Finalement, l’aspect fiscal de la dette est à prendre en compte. Vous pourrez déduire les intérêts du bénéfice, ce qui vous évitera probablement environ 20% d’impôt. La dette à 8% ne vous en coûtera que 6.4 !

Et les fonds propres dans tout ça ?

Et bien il faut les utiliser pour ce qu’ils sont : du capital-risque. Vous avez besoin de développer une technologie, de créer un prototype ou encore de faire de la recherche pour parvenir à proposer un bien ou un service utile et de qualité ? Ces étapes prennent du temps et ne produisent aucun revenu. On finance alors l’idée plus que le développement. Du point de vue de l’investisseur, même si l’idée est excellente, le chemin est très long et semé d’embûches.

Si toutefois, le projet se développe dans la bonne direction, les actionnaires auront des attentes de plus en plus grandes et demanderont toujours plus de rendement. Au fur et à mesure des tours de financement, certains actionnaires deviendront peut-être prépondérants et souhaiteront avoir leur mot à  dire sur la conduite opérationnelle. Le coût d’agence qui en résulte est trop souvent sous-estimé. L’un des points essentiels est d’aligner correctement les intérêts des différents actionnaires (founders, later stage shareholders, …), des prêteurs, de la direction et des employés.

En résumé, le choix du type du financement doit faire l’objet d’une analyse. L’objectif doit être la maximisation de la valeur de la société pour ses créateurs et/ou actionnaires actuels .

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Licorne ou Zèbre?